L'omega, méga homme

Quand ils sont minuscules, on ne les voit pas. Pourtant, partout, envers et contre tout, ils sont là.
·D’abord, l’alpha. Lui, encore et toujours, le mâle, le dominant, qui se pavane dans sa boucle. En tête de liste, à la tête des autres, il subsiste partout. Il s’immisce dans les calculs, se retrouve dans les angles, a la tête dans les étoiles et s’infiltre même dans les écritures anciennes et oubliées, perdues puis retrouvées, craquelées comme une peau sous un soleil d’été.
·Puis vient le bêta, en courant, deuxième à tous les coups. L’idiot, c’est lui, le sot qui réussit à se hisser sur le podium pour prouver à tous qu’il en est capable, prouver à tous qu’il en vaut le coup. Physique également, il aime suivre l’alpha, mais mécontent de la popularité de ce dernier, le bêta redouble de rondeurs ; il compense en valeur.
·Juste après se glisse gamma, une gamme en la qui peine à déployer ses l (ailes). Il répugne les rondeurs et préfère la profondeur, plongeant puis remontant tel un martin pêcheur, à 100 km/h. Dernier du podium mais évidemment sur la liste, il est parfois oublié du peuple qui, souvent, s’occupe uniquement des rares premiers.
·Ensuite arrive le delta qui, lui, n’a aucun problème avec ses ailes, côtoyant les parapentes dans le bleu des cieux. Le delta est aussi un champion de calcul. Il crée des différences dans de nombreux domaines scientifiques et se démarque de ses piètres prédécesseurs. Avec sa famille, le réseau delta a, de plus, d’innombrables connaissances en médecine que nul autre ne peut égaler.
·Après, discrètement, s’infiltre l’epsilon : le plus petit, le plus minuscule, le plus infime de tous (et donc le plus mignon), l’agneau de la 5e place. Il aime les largeurs fines, qui si possible se rétrécissent jusqu’à disparaître à l’œil nu. Il est, en parallèle, un grand fan des messages rapides, surtout pour favoriser les échanges entre le Valais et Genève.
·Entre eux zigzague dzêta. Peu connu, malgré son podium cyrillique et son rock favori, il a de la peine à aller de l’avant. En le regardant, on sait immédiatement qu’il doute, qu’il hésite. Peut-être est-il même apeuré ? Se pourrait-il qu’il fuie celui qui le talonne, arme au poing, depuis tant de temps ?
·Celui qui le suit se nomme êta, dit ETA, passionné pour toujours et à jamais d’armes de toutes sortes, tout poids, tout calibre. L’état est important dans la vie d’une écrasante majorité de la population, car c’est lui qui dirige, régule, fixe les lois et les fait respecter. Il est malheureusement absent pour cause de maladie, on ne parlera donc pas plus de son état.
·Thêta, l’anglais, se présente lors qu’êta prend son T (thé). Peu utilisé, mal connu ou même méconnu, il vit reclus dans une maison, et c’est seulement là qu’on sonne (consonne) de temps en temps pour un peu de « bread and butter », comme il dit. Son corps en forme de pomme de terre, entretenu par ses apéros est toujours et indéniablement paré d’une ceinture, même si je ne lui ai jamais vu de pantalon.
·On peut, si l’on utilise des jumelles au bon moment, apercevoir l’ombre de iota au loin, qui dénigre thêta. Iota est un aristocrate, opulent, arrogant, plein de morgue, toujours droit comme un i. Du haut de sa demeure, malgré sa petite taille, il observe le monde en contrebas. Il est difficilement visible car il préfère rester dans son salon ; et peut même ne pas bouger d’un iota tout au long d’une journée.
·Dans ceux dont ce dernier médit, il y a un bipolaire. Nommé kappa par ses congénères, il est d’une popularité moindre malgré son goût pour la mode. Marchant lentement, avec ses chaussures dernier cri, il parade le long des rues et des ruelles. La nuit, par contre, le nageur extraordinaire qu’il est à ses heures perdues se métamorphose entièrement, puis attire les animaux et de faibles gens dans l’étang japonnais.
·De temps à autre, discrètement, passe le citoyen lambda. N’ayant rien de spécial, il peine à se trouver une compagne. Il est pourtant un grand scientifique ! Constant, d’après Newton, il trouve toujours quelques autres sur la même longueur d’onde que lui. Ses deux jambes bien plantées dans le sol, il gagne en stabilité pour ne pas être perturbé par la foule, qui le traîne, et l’entraîne, écrasé contre les autres il ne forme qu’un seul corps.
·Soudain, sans prévenir, accourt mu. Mû par une force invisible est un coup de vent, une bourrasque, un typhon. Il ne s’arrête jamais, il ne ralentit qu’occasionnellement. Mu, surnommé parfois « ManU » en Angleterre, se demande actuellement si Pogba est réellement indispensable.
·Dans l’habit d’Adam, la tenue la plus simple et naturelle, se tient nu. Nu comme un vers n’a aucune gêne, aucune honte. Il a la mauvaise habitude de mettre à poil toutes ses idées.
·Souvent à l’étranger, Xi fait la une des dernières nouvelles. En Chine, ce diplomate sert même la main de Ji Ping et même parfois celle de Rex (à défaut de connaître Rialto ou Balexert) et il risque aussi de rencontrer notre chère orange prénommée Trump. Le meilleur ami de XI est lambda, 11e ex æquo, en latin et en grec respectivement.
·Omicron, l’autrichien de 30ans, est passionné d’énergies, de nouvelles technologies, d’innovations. Il n’est pas grand : un simple millionième de mètre. Cette petite boule est accueillie avec humour par ses amis qui la reçoivent « 5 sur 5 ».
·Puis pi, pi qui est long, toujours long. Il poursuit ses activités à n’en plus finir, sans se répéter, à l’infini. S’amusant à prendre les mesures d’omicron le plus précisément possible, il en devient encombrant. Parfois, de ses amies les vaches, pi donne généreusement du lait. Polyvalent, lorsqu’il mange des framboises, ce « Raspberry pi » devient, d’un coup, un maître en informatique.
·D’un coup sort un rho. Du milieu de nulle part, sans prévenir, quelle impolitesse ! On a beau l’entendre partout, ça ne l’excuse pas. Résident italien, rhô et son bisse aiment parfois fuir dans les montagnes valaisannes. Il affectionne la danse si fort que des physiciens diraient qu’il est Dense, mais cela varie selon son milieu.
·Doucement, silencieusement, glisse sigma sur la piste. Rampant, se faufilant, le dangereux serpent attend. Social, malgré tout, il a de nombreux contacts en Romandie, où sigma est un paparazzo de talent. Extrêmement soucieux de son apparence, la sigma-beauty est sa ligne de vie.
·Tau, celui qui toujours se couche à l’aurore, est le suivant. Mal en point avec une gueule de bois d’enfer, son taux d’alcoolémie donne souvent des chiffres plus élevés que les tests de Lance Armstrong. Pourtant, malgré ses déviances, il chérit l’Église comme personne avec son partenaire Saint-Antoine.
·Ensuite, le survivant de la langue, l’allemand type, c’est upsilon. Voyageur de u en i grec, cet expert en courtage est de très bon conseil. Fatigué au fil des ans, il perd quelques positions en arrivant à Rome, où on le dit avant-dernier (il a réussi à dépasser dzêta sur la ligne d’arrivée).
·Malgré l’aide qu’a pu lui donner sa famille, phi est l’endetté. À faire fi de leurs conseils, il se retrouva fort dépourvu, quand l’hiver fut venu. Il fit pourtant quelques économies dans le temps, mais elles ne lui ont apparemment pas suffi.
·Qui reste-t-il ? Ah oui, khi. C’est khi qui se présente à nouveau à chaque regroupement, il semble invisible. Étudiant en littérature, il déteste l’économie ; à force de prendre des qui pour des quo, l’éco (les quo) lui tape(nt) sur le système. Préférant donc le théâtre, il joue en intérieur ; on ne verra pas khi (Pâquis) au bord du lac. De nombreuses personnes l’aiment lorsqu’il dit oui, mais il en devient vert !
·Alors, pour tenter de soigner tout ce monde, vient psi. Un vrai psy de compétition ! Plus psychopathe que psychologue, les résultats paraissent un peu aléatoires et rarement bons. Ce Psy à la malheureuse habitude de danser comme s’il était à cheval, ce qui l’a rendu mondialement populaire. Psy ne s’adonne qu’à l’analyse, souvent avec son ami Freud. Ce fou vit au jour le jour, car psy répugne les causes (psychose). À l’occasion, psi a un chic (psychique) pour la nature et l’on peut voir que psy chez (psyché) lui est malheureux.
·Enfin, l’unique, l’oméga. Il se rit des chutes d’eau (o) gigantesques, avec d’autres o comme son petit frère omicron. Lorsqu’il se risque dans l’eau, c’est uniquement par trois, on en retrouve dans les poissons qui se mourraient de faim et ont dû lâcher leur régime de planctons. L’oméga, malgré ce que l’on pourrait imaginer, est malgré tout un grand solitaire. Fort, robuste, il doit survivre sans aide, sans les autres, sans rien. Même s’il est ici dernier, il est « le meilleur [qu’on a gardé] pour la fin », et est investi dans de nombreux domaines, notamment l’horlogerie, qui lui fournit des montres on ne peut plus luxueuses. Il lui arrive de rejoindre l’alpha, comme un serpent qui se mord la queue, et alors là, ensemble, ils créent l’éternité. Et l’oméga, pourtant simple, devient méga homme.