Poésie

Ô lune

Pleine lune

S'il n'est qu'une mélodie,
Que reste-t-il? Du voyage,
Ou même de la poésie,
De notre art sur cette page

Vide? Manquant de mots
Et d'histoire, des détails du chemin,
Nous prend-elle tant pour sots
Qu'elle nous cache le dessin?

Peut-être qu'elle n'est alors
Qu'une clef, libre à chacun·e
De l'utiliser pour son propre trésor,

Pour son soi, ses souvenirs
Et ses rêves. Ô Lune,
Dessines-moi un avenir.

D'une mère à son fils

Jardin zoologique

Regarde ces sourires et ces familles heureuses,
Ces arbres verdoyants sous le soleil d'été,
Il ne reste qu'un temps avant nos heures creuses;
Un instant sans un bruit où rien n'est prononcé.

Puis au matin revient cette foule enjouée,
Passent ces jeunes hommes et leur père qui explique
Ce qu'il ne connaît pas mais qu'il a étudié!
Comme l'on connaît bien ces animaux de cirque.

Et vois là-bas, mon fils, cet uniforme bleu,
On dirait l'océan! Il reflète cet homme
Qui a tout englouti sous son air ambitieux.

Observe ce manège de rires et de cris,
Sans penser au garçon croquant sa verte pomme
Car nous restons, mon fils, séparés par la grille.

Nice

Lac de sang

Encore une fois, encore un froid.
Encore de la peur, de l'horreur.
Encore des blessés, des tués, causant des milliers de meurtris.
Des malheureux, des coups de feux, sans adieux.
Les colonies reviennent en force, rappelant à nos mémoires les larmes si vite oubliées, si vite ignorées.
Quand cela cessera-t-il enfin?
84 morts et plus de 300 blessés encore, des corps.
Qui arrêtera le jeu de la vengeance, de la haine et du sang?
Qui réfléchira? Qui pardonnera?
Encore une fois, il fait si froid.

Fleuve d'inconscience

Livres poussiéreux

On nous apprend si tôt que la vie est si brève,
Qu'il faut en profiter, qu'il faut tout essayer.
On nous montre en images tout ce que les élèves
Ont pu créer, faire, ou expérimenter.

On nous dit de les suivre, d'apprendre de leur faits,
Comme si leur vie était un exemple admirable.
Culture dépassant les bornes du français,
Tentant de faire gober, au monde entier, ces fables.

Puis on nous récompense, en une grande fête,
Nous bombardant d'alcool, drogues et cigarettes,
Une sorte de: "Bravo, vous savez dès lors vivre."

Un mouton euphorique en allant au bouvril.
C'est ainsi que sur Terre, âmes humaines stériles,
Les idiots éternuent à la poussière des livres.

L'Autre

As de coeur brisé

Hallelujah! criait l'Autre en cette matinée.
Avec son regard d'enfant, sans voix.
Hallelujah! Hallelujah! S'en revient l'été!
Comme découvrant le monde pour la première fois.

Il était fort, l'Autre, comme un bœuf qu'on disait;
Des jambes comme des bûches et des bras bien épais.
Je l'aimais bien, l'Autre, même un peu simplet,
Mais j'étais bien le seul et c'était pas un secret.

Il y avait des rumeurs qui disaient que là-haut,
S'il était ingénu, c'était par malédiction
Et que le Paradis n'était pas pour les sots.

Il voulait pas grand chose, l'Autre, juste une maison.
Être accepté aussi. Mais son rêve d'égalité,
Il l'a pris sur sa route des cœurs abandonnés.

One day I'll know

One day

One day, Madam, one day I will know ;
I'll know who I am and this I'll show.

Travelling all around our beautiful Earth
To hear every sound of every child's birth,
To cross every sea and every desert
Where I will see water, sand and dirt.

Discovering cities and their civilizations
To go to parties and test new sensations,
To meet girls and boys behind the ocean
Where I'll hear the noise of Revolution.

Learning enough languages on our globe
To understand others and to be understood,
To help people and try to make good
Where I reckon that helping I could.

Finding myself and what I want to be,
To be strong enough and never on my knee,
To tell my children around a cup of tea
That all of this is my reality.

Looking at our sun on the bright white snow,
To see in some water a beautiful rainbow,
To realize how much I actually saw,
How much I felt and what I let go.

So one day, Madam, one day I'll know;
I'll know who I am and this I'll show.

Comptine d'une vie

temps

1.2.3, j'étais dans tes bras
4.5.6, avec un bouquet d'Iris
7.8.9 mois et le bébé est là
10.11.12, pique-nique sur la pelouse
13.14.15.16, l'enfant court sous les mélèzes
17.18.19.20, lui demander de rester, en vain
21.22.23.24, nous deux assis sur un banc de théâtre
25.26.27.28, et ce temps qui passe si vite, trop vite
29.30.31.32, on se rappelle les jours heureux
33.34.35.36.37, c'est bon on a compris le concept
38.39.40.41.42, puis la mort emporte nos cœurs amoureux

Un...compatible

Incompatible

Accoudé au rebord de ce poussiéreux banc,
Les souvenirs filant devant mes yeux mi-clos,
Je te sens avec moi. Pour un instant seulement,
Je revis l'éphémère que fut notre duo.

J'en étais arrivé à y croire vraiment,
À vouloir dépasser mes malheurs et mes peines
Pour qu'ensemble, à nous deux, l'on vainque nos tourments.
J'aurais été ton roi, et toi ma douce reine.

Mais en m'ouvrant à toi, les frissons sur ta peau
M'ont révélé une peur que tu cachais enfouie;
"Pourquoi dans notre vie faudrait-il s'attacher,

Laisser des sentiments qui peuvent nous briser?"
Et puis ce fut ainsi, la douleur de l'adieu
Où je compris enfin qu'un et un, au diable les mathématiques, ne font pas toujours deux.

Hope

Flame

When the night returns
With its fears and shadows,
I see that Hope burns
As a fire by the windows.

And the red flames rise
To fight some memories,
Which seemed as allies
But became your enemies.

These ghosts attack again
To break down your walls,
But Hope never falls

And you chase away the pain.
You get up, one more time,
To find your way in rhythm and rhyme.

Sur la route

Pluie

Il y avait des rires, il y avait des silences,
Il y avait des soupirs, des flirts, des avances.
Les voitures au dehors roulaient sous la pluie
À côté de notre fort, de ce vieil abri.
Nous étions huit repliés sous ce toit
Sans aucune fuite, attendant là.
Les champs défilaient, presque trop verts
Dans ce paysage laid, boue à ciel ouvert.
Derrière mon fauteuil discutaient mes camarades,
Comme des feuilles sous les soubresauts et saccades,
Parlant sport et météo, parlant études et métiers,
Parlant jeux vidéos, parlant amours et amitiés.
Devant moi, deux femmes suivaient cette route grisâtre,
Tentant d'amener nos âmes où l'on devrait se battre.
La musique en fond comblait les quelques blancs
Lorsque la conversation prenait un tournant,
Lorsqu'il n'y avait simplement rien à dire,
Ou que chacun était en train de se refroidir.
Nous roulions sans fin pendant des heures
Jusqu'à ce que la faim nous attaque au sniper,
Et encore, ensuite, des heures en bonus,
Pour nous, les huit, dans ce minibus.

Pages